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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/265

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une ſuſpenſion d’armes ; & comme la matinée étoit fort avancée, il demanda Madame Cole, à qui il fit connoître ſon triomphe, & conta les proueſſes de la nuit, ajoutant qu’elle en verroit les marques ſanglantes ſur les draps du lit, où le combat s’étoit donné.

Vous pouvez aiſément vous imaginer les ſingeries qu’une femme de la trempe de notre vénérable abbeſſe, mit en jeu dans ce moment. Ses exclamations de honte, de regret, de compaſſion, ne finirent point ; elle me félicitoit ſur-tout de ce que l’affaire ſe fût paſſée ſi heureuſement ; & c’eſt en quoi je m’imagine qu’elle fût bien ſincere. Alors elle fit auſſi comprendre, que comme ma premiere peur de me trouver ſeule avec un homme, étoit paſſée, il valoit mieux que j’allaſſe chez notre ami, pour ne point cauſer de ſcandale à ſa maiſon ; mais ce n’étoit réellement que parce qu’elle craignoit que notre train de vie ordinaire ne ſe découvrît aux yeux de Mr. Norbert,