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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/297

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la tente on avoit pratiqué des endroits ſecs pour s’habiller, ou enfin, pour d’autres uſages que le bain n’exige pas. Là ſe trouvoit une table chargée de confitures, de rafraîchiſſemens & de confortatifs néceſſaires contre la maligne influence de l’eau. Enfin mon galant, qui auroit mérité d’être l’intendant des menus plaiſirs d’un empereur Romain, n’avoit rien oublié de tout ce qui peut ſervir au goût & au beſoin.

Dès que nous eûmes aſſuré les portes, & que tous les préliminaires de la liberté eurent été reglés de part & d’autre, l’on cria bas les habits : auſſi-tôt nos deux amans ſauterent ſur nous, & nous mirent dans l’état de pure nature. Nos mains ſe porterent d’abord vers cette fente ombragée de la plus belle mouſſe ; mais ils ne nous laiſſerent pas longtems dans cette poſture, nous priant de leur rendre le ſervice que nous venions de recevoir d’eux, ce que nous fimes de bon cœur.