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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/302

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ſon jus, tandis que le remede étoit ſi près.

Nous prîmes donc un banc, pendant qu’Emilie & ſon ami bûvoient à notre bon voyage ; car comme ils l’obſervoient, nous étions favoriſés d’un vent admirable. A la vérité, nous eûmes bientôt atteint le port de Cithere, & déchargé cette précieuſe liqueur qui nous peſoit ſi fort ; mais comme les circonſtances ne nous permirent pas d’admettre beaucoup de variation, je t’en épargnerai le détail trop uniforme.

Je te prie auſſi, ma chere amie, de vouloir excuſer le ſtile figuré dont je me ſuis ſervie, quoiqu’il ne puiſſe être mieux employé que pour un ſujet qui eſt ſi propre à la poëſie, qu’il ſemble être la poëſie même, tant par les imaginations pittoreſques qu’il enfante, que par les plaiſirs divins qu’il procure.

Nous paſſames le reſte de la journée & une partie de la nuit dans mille plai-