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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/303

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ſirs variés, & nous fûmes reconduites en bonne ſanté chez Madame Cole, par nos deux cavaliers, qui ne ceſſerent de nous remercier de l’agréable compagnie que nous leur avions faite.

Ce fut ici la derniere aventure que j’eus avec Emilie qui, huit jours après, fut découverte par ſes parens, leſquels ayant perdu leur fils unique, furent ſi charmés de retrouver une fille qui leur reſtoit, qu’ils n’examinerent ſeulement pas la conduite qu’elle avoit tenue pendant une ſi longue abſence.

Il ne fut pas aiſé de remplacer cette perte ; car, pour ne rien dire de ſa beauté, elle étoit d’un caractere ſi liant & ſi aimable, que ſi l’on ne l’eſtimoit pas, on ne pouvoit cependant ſe paſſer de l’aimer. Elle ne devoit ſa foibleſſe qu’à une bonté trop grande, & à une indolente facilité, qui la rendoit l’eſclave des premieres impreſſions. Enfin elle avoit