Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/32

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grande dégingandée de fille parut “ Marthe, (lui dit Madame Brown,) je viens d’arrêter cette jeune perſonne pour prendre ſoin de mon linge : allez, montrez-lui ſa chambre. Je vous ordonne ſur-tout de la regarder comme une autre moi-même ; car je vous avoue que ſa figure me plaît à un point, que je ne ſais pas ce que je ſerai capable de faire pour elle ”. Marthe, qui étoit une ruſée coquine des mieux ſtilées au métier, me ſalua reſpectueuſement, & me conduiſit au ſecond étage dans une chambre ſur le derriere, où il y avoit un fort bon lit, que je devois partager, à ce qu’elle m’apprit, avec une parente de Madame Brown. Après quoi elle me fit le panégirique de ſa bonne & chere Maîtreſſe, m’aſſurant que j’étois fort heureuſe d’être ſi bien tombée ; qu’il n’étoit pas poſſible de mieux rencontrer ; qu’il falloit que je fuſſe née coëffée ; que je pouvois me vanter d’avoir fait un excellent haſard. En un mot,