Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 20 )

rée), que tu es une aimable enfant !… quel ſera le mortel aſſez heureux pour te rendre femme !… Dieux ! que ne ſuis-je homme ! „ Elle interrompoit ces expreſſions entrecoupées par les baiſers les plus chauds & les plus lubriques que j’aie reçus de ma vie. J’étois ſi tranſportée, mes ſens étoient tellement confondus, que je ſerois peut-être expirée, ſi des larmes délicieuſes, qui m’échapperent dans la vivacité du plaiſir, n’euſſent en quelque maniere calmé le feu dont je me ſentois dévorée.

Phébé, l’impudique Phébé, à qui tous les genres de paillardiſe étoient connus, avoit pris, ſelon toute apparence, ce goût bizarre en éducant de jeunes filles. Ce n’étoit pas néanmoins qu’elle eût de l’averſion pour les hommes, ou qu’elle ne les préférât à notre ſexe ; mais un penchant inſurmontable pour les plaiſirs les lui faiſoit prendre indiſtinctement,