Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/41

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de quelque façon qu’ils ſe préſentaſſent. Rien, en un mot, n’étant capable de la raſſaſier, elle jeta tout-à-coup le drap au pied du lit, & je me trouvai la chemiſe au deſſus des épaules, ſans que j’euſſe la force de me dérober à ſes regards luxurieux ; car la chandelle brûlant encore, elle pouvoit me voir à ſon aiſe. Je ne ſaurois m’empêcher de l’avouer, ſi je rougis alors, c’étoit moins de modeſtie que de deſirs.

“ Non, (me diſoit-elle), ma chere poule, non, tu ne me cacheras pas tant de beautés : il faut que je ſatisfaſſe ma vue auſſi bien que mes mains… je veux dévorer des yeux cette gorge naiſſante… Laiſſe-la moi baiſer… Je ne l’ai point aſſez conſidérée… Que je la baiſe encore une fois !… Ciel ! quelle peau délicate & ferme !… quelle blancheur !… L’admirable corſage !… Oh ! le charmant duvet !… de grace, ſouffre que je voie