Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/81

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J’avoue qu’il ne me fut pas poſſible d’en voir davantage : cette derniere ſcene m’avoit tellement miſe hors de moi-même, que j’en étois devenue furieuſe. Je ſaiſis Phébé, comme ſi elle avoit eu de quoi me ſatisfaire. Elle eut pitié de moi, & me faiſant ſigne de la ſuivre, nous nous retirâmes dans notre chambre. La premiere choſe que je fis, fut de me jetter ſur le lit : ma compagne s’y étant miſe auſſi, me demanda ſi je me ſentois maintenant l’humeur guerriere, ayant eu le tems de reconnoître l’ennemi ? Je ne lui répondis qu’en ſoupirant. Elle me prit alors la main, & la conduiſit ſous ſa chemiſe à l’endroit où j’aurois voulu rencontrer le véritable objet de mes deſirs ; mais ne trouvant qu’un terrein plat & creux, je me ſerois retirée bruſquement, ſi je n’avois pas craint de la déſobliger. Je me prêtai donc à ſon caprice, & lui laiſſai faire de mes doigts ce qu’il lui plut. Quant à moi, je languiſſois déſormais pour