Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/82

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quelque choſe de plus ſolide, & n’étois pas d’humeur à me contenter de ces amuſemens inſipides, ſi Madame Brown n’y pourvoyoit bientôt. Je ſentois même qu’il me ſeroit bien difficile de différer juſqu’à l’arrivée de Mylord B… quoiqu’on l’attendît inceſſamment. Par bonheur je n’eus pas beſoin ni de lui ni de ſes préſens ; l’amour, lorſque je l’eſpérois le moins, diſpoſa de mon ſort.

Deux jours après l’aventure du cabinet, m’étant levée, par hazard, plus matin qu’à l’ordinaire, & tout le monde dormant encore, je deſcendis pour prendre le frais dans un petit jardin, dont l’entrée m’étoit interdite quand il y avoit des chalands au logis. Je fus extrêmement ſurpriſe, en voulant traverſer une ſalle, de voir un jeune homme qui dormoit profondement dans un fauteuil. Je m’approchai par un mouvement naturel aux femmes, pour voir ſa phyſionomie. Mais, ô ciel ! quel ſpectacle ! il n’eſt