Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/31

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hasard il avait une montre ou une paire de boucles d’argent, tandis qu’il dormait, les mains habiles de l’un et l’autre sexe remplissaient les devoirs de leur vocation et la victime malheureuse de la fortune devenait alors une victime plus malheureuse de Mercure et de ses disciples.

« Lorsque Moll-king quitta ses rendez-vous nocturnes, elle se retira avec une fortune très considérable, qu’elle avait amassée par les folies, les vices et le libertinage du siècle.

« Vers le même temps, la mère Douglas, mieux connue sous le nom de mère Cole, avait la plus grande réputation. Elle ne recevait dans sa maison que des libertins du premier rang ; les princes et les pairs la fréquentaient, et elle les traitait en proportion de leurs dignités ; les femmes de la première distinction y venaient fréquemment incognito, le plus grand secret était strictement observé, et il arrivait souvent que, tandis que milord jouissait dans une chambre des embrassements de Chloé, son épouse lui rendait la chance dans la pièce adjacente.

« Il y avait à cette époque, à l’entour de Covent-Garden, d’autres endroits de marque inférieure. Mme Gould fut la première en vogue, après la mère Douglas. Elle jouait la dame de qualité ; elle méprisait les femmes qui juraient ou parlaient indécemment, et elle ne recevait pas celles qui étaient adonnées à la débauche. Ses pratiques consistaient en citoyens riches qui, sous le prétexte d’aller à la campagne, venaient le samedi soir dans sa maison et y restaient jusqu’au lundi matin ; elle les traitait du mieux qu’il lui était possible ; ses liqueurs étaient excellentes, ses courtisanes très honnêtes, ses lits et ses meubles du goût le plus élégant. Elle avait un cher ami dans la personne d’un certain notaire-public, d’extraction juive, pour qui elle avait un très grand penchant, en raison de ses rares qualités et de ses grandes capacités.