Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/32

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« Près de cet endroit était une autre maison de plaisir, tenue par une dame connue sous le nom de Helle-Fire-Stanhope ; on l’appelait ainsi à cause de la liaison intime qu’elle avait eue avec un gentilhomme à qui on avait donné ce sobriquet, parce qu’il avait été président du club de Helle-Fire. Mme Stanhope passait pour une femme aimable et spirituelle ; elle avait généralement chez elle les plus belles personnes de Covent-Garden et elle ne recevait que celles qui avaient le ton de la bonne compagnie.

« Commençons ce chapitre en donnant une description de ces deux fameux et infâmes endroits de rendez-vous nocturnes connus sous le nom de Weatherby et de Margeram.

« Le premier de ces endroits, où se réfugiaient les fripons, les débauchés, les voleurs, les filous et les escrocs, fut, dans l’origine, établi, il y a environ trente ans, par Weatherby, peu de temps après la retraite de Moll-king. Son institution ne fut pas plus tôt connue qu’un grand nombre de filles de Vénus, de tous les rangs et conditions, depuis la maîtresse entretenue jusqu’à la barboteuse, se rendirent dans la maison. Un méchant déshabillé était un passeport suffisant pour cet endroit de libertinage et de dissipation. La malheureuse qui mourait de faim, tandis qu’elle lavait sa seule et unique chemise, était sûre, en entrant dans cet infâme lieu, d’y rencontrer un jeune apprenti qui la régalait d’une tranche de mouton et d’un pot de bière ; et, s’il avait un peu d’argent, elle lui faisait payer pour dix-huit sols de punch et l’engageait à passer le reste de la nuit avec elle.