Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/54

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pria donc Miss Ha.w…d de chanter, ce qu’elle fit à la satisfaction générale de toute la compagnie. Mme Hayes dit que Clara était une excellente actrice ; Foote la pria de lui réciter quelques morceaux ; après quelque hésitation, elle déclama avec tant d’art une scène de la Belle Pénitente que Samuel, surpris et enchanté de son talent, jura qu’elle jouerait sur son théâtre si cette proposition lui paraissait agréable. Clara crut que c’était une pure raillerie de sa part, et elle ne lui répondit que par une révérence ; mais peu de temps après, elle fut engagée au théâtre de Hay-Market, où elle eut le plus grand succès, et passa ensuite, à la recommandation de Foote, à celui de Drury-Lane, où elle obtint les applaudissements les plus avantageux.

« Miss Sh…d…m descendit : on la pria de chanter ; elle répondit qu’elle était si fatiguée de son opération avec Sir Harry Flagellum qu’elle demandait un petit moment de répit pour remettre ses esprits. « J’ai été, dit-elle, deux grandes heures avec lui et j’ai eu plus de peine à faire passer dans ses veines la ferveur que nous avons vouée à la déesse que nous servons, que si j’eusse fouetté la plus obstinée de toutes les mules des Alpes. »

« Chace Price dit qu’il s’étonnait que la fertile imagination de Charlotte n’eût pas encore inventé une machine propice à ces sortes d’œuvres pieuses ; qu’il lui était venu dans l’idée d’en construire une dans le genre de celle qui fut inventée, il y a quelques années, pour raser cent personnes à la fois ; et que, d’après un pareil procédé, on pourrait satisfaire, dans le même temps, les souhaits ardents de quarante Flagellums,

« Foote fut de cet avis ; puis, tournant le projet à l’avantage national, il pensa que ces machines devraient être construites par autorisation de patentes et qu’attendu le rapport énorme qu’en retireraient les propriétaires, il jugeait