Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/55

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nécessaire que le Parlement mît un droit considérable sur chacune de ces machines.

« George Sel…n s’informa ensuite de la virginité des nonnes. L’alderman Portsoken l’avait assuré hier, à la Taverne de Londres, qu’il avait passé la nuit d’auparavant au couvent de Charlotte avec une nonne véritablement vierge, mais qu’il ne pouvait pas concevoir comment l’hymen pouvait être préservé des assauts perpétuels auxquels il était continuellement livré.

« Charlotte parut un peu déconcertée ; mais le champagne agissant en ce moment avec beaucoup de force sur sa personne, elle crut convenable de soutenir la dignité de sa maison et elle lui répliqua très injudicieusement : — Que son opinion était qu’une femme pouvait perdre sa virginité cinq cents fois et paraître toujours vierge ; que le Dr O’Patrick l’avait assuré que la virginité pouvait être rétablie de la même manière que l’on fait le boudin ; qu’elle l’avait éprouvé elle-même et que, quoiqu’elle eût perdu la sienne mille fois et qu’elle eût été ce matin même sous la direction du docteur, elle se croyait une vierge aussi bonne qu’une vestale. Que, quant à l’hymen, elle avait toujours entendu dire que c’était un dieu et que, par conséquent, il ne faisait point partie de la formation de la femme ; qu’elle hasardait donc de dire qu’elle avait maintenant dans son séminaire autant de virginités qu’il en fallait pour contenter toute la cour des Aldermans et la Chambre des communes par-dessus le marché ; qu’elle avait une personne, nommée Miss Suy, arrivant justement de la Comédie avec le conseiller Pliant, qui, dans une semaine, avait fait trente-trois éditions de virginalité ; que Miss Suy, étant la fille d’un libraire et ayant travaillé sous l’inspection de son père, connaissait la valeur des éditions nouvelles. »

« Charlotte ayant ainsi conclu cette narration curieuse,