Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/93

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et de croire qu’il n’y avait point la moindre raison de soupçonner un tison de l’un ou de l’autre côté.

« Plusieurs personnes pensent que le lord continue toujours d’avoir un tendre penchant pour Fanny, quoiqu’elle ait presque cinquante ans et qu’il partage ses affections entre elle et Mme Armst…d. Que ce soit assuré ou non, il n’en est pas moins vrai que les dames vivent dans le plus parfait accord et qu’il ne paraît pas y avoir entre elles la moindre apparence de jalousie.

« Comme nous avons donné un détail particulier de la conduite de Fanny jusques et y compris sa situation présente, nous allons avoir la même attention pour Mme Armst…d.

« Nous sommes informés que Mme Armst…d n’est point d’une famille illustre et qu’elle est la fille d’un cordonnier ; qu’étant abandonnée de ses parents et que n’ayant aucun moyen de vivre, elle jugea prudent de mettre ses charmes à prix, et que l’excellente négociatrice, Mme Goadby, ayant entrepris d’en faire la vente, en informa un marchand juif. Il paraît qu’à cette époque elle avait tout au plus quinze ans ; elle était bien faite, ses traits étaient parfaits et sa physionomie était tout à fait agréable. Il est prouvé que le lord L…n fut, après le juif, le second admirateur à qui Mme Goadby la présenta : mais comme les finances du lord n’étaient pas à ce temps dans un état aussi florissant qu’il aurait pu le désirer, Mme Armst…d trouva que ses moyens pécuniaires n’étaient pas pour elle une connaissance avantageuse, et elle crut alors convenable d’accorder sa compagnie au duc de A…, mais leur correspondance ne dura que quelques mois, parce qu’il découvrit bientôt son infidélité ; quelque temps après, elle passa dans les bras du noble Crkter ; cela paraîtra singulier en considérant sa liaison future avec lady Champêtre ; mais on peut dire, , en