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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/107

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DÉMOSTHÈNE

thène a pu être calomnié. C’est beaucoup d’un écrivain qui s’inspire d’un Théopompe, d’esprit macédonien, plus enclin, comme l’avoue le même Plutarque dans la Vie de Lysandre, à critiquer qu’à louer. Heureusement, le doute n’est pas même possible en présence du passage suivant de Pausanias Démosthène s’est justifié très au long lui-même, mais il l’a été aussi par d’autres… Après la mort d’Harpale, assassiné dans l’île de Crète, l’esclave qui avait pris soin de ses trésors s’enfuit à Rhodes et y fut pris par Philoxène, le Macédonien qui avait précédemment demandé, au nom d’Alexandre, que les Athéniens lui livrassent Harpale. Mis à la question, l’homme révéla les noms de tous ceux qui avaient reçu de l’argent d’Harpale. Sur quoi Philoxène écrivit aux Athéniens des lettres où il faisait l’énumération de ceux qu’Harpale avait soudoyés et des sommes distribuées à chacun d’eux. Mais il ne nomma point Démosthène, qui était pourtant le plus grand ennemi d’Alexandre et par qui Philoxène lui-même avait été gravement offensé. »

L’évidence très simple est qu’on n’achète pas un homme comme Démosthène, parce que l’irrépressible ardeur de son tempérament le met au-dessus, non seulement des vilenies, mais même des tentations. Capable de se vendre, il se fût trouvé hors d’état de tenir ses engagements. Ne