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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/109

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DÉMOSTHÈNE

se trouve soudain dissocié, sans que personne se fût jamais posé la question du successeur. Pour n’avoir été contenu par aucune résistance, l’emportement du Macédonien n’avait pu rien fonder de viable, et chacun, tout à coup réveillé de sa servitude, ne savait à qui se donner. En certains points favorables, comme en Égypte, des dilutions d’hellénisme pouvaient se rencontrer. Athènes se trouvait mise en demeure de revenir à son indépendance ou de s’abîmer au plus profond d’une servitude qui n’avait plus l’excuse du collier.

Dans l’émoi général d’une délivrance qui se propose, et dont la Grèce n’est plus digne, Démosthène n’a pas besoin de la permission de la Pnyx pour faire son devoir envers sa patrie. Une ligue achéenne est en formation, et déjà Démosthène est dans le Péloponèse où se rejoignent timidement les députés d’Athènes. Le voilà de nouveau haranguant les villes et les appelant à la grande coalition nationale pour l’indépendance d’une Hellade régénérée.

Pour la régénération des âmes, nous savons, nous, qu’il était déjà trop tard. Démosthène, lui, ne se posait pas la question, à l’heure même où il gisait écrasé par l’infâme calomnie, après qu’une défaite qui paraissait sans retour l’eut excusé de douter de lui-même et de tous. Il avait su parler. Maintenant, il avait même appris le silence : un