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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/121

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DÉMOSTHÈNE

humaines sont surtout de défaites passagères dont les siècles font des victoires, des victoires parfois sans lendemain. S’ils vivent trop longtemps, des hommes qui ont connu des triomphes peuvent les voir s’effriter, tandis que le vaincu qui n’accepte pas sa défaite pourra toujours rebondir, selon la chance, pour son mal ou pour son bien.

Le problème psychologique demeure de faire une harmonie plus ou moins achevée de discordances humaines, par la conduite plus ou moins rationnelle d’une action plus ou moins ordonnée. La question du chef semble la plus importante. Combien de rois (de nom ou de puissance) ne furent que de vulgaires prisonniers ! A qui la volonté ? Voilà ce qu’il est trop souvent le plus difficile de savoir. Que du chef ou du peuple vienne l’insuffisance, l’effet sera le même puisque rien ne peut s’accomplir sans le commun accord. Dans le cas de Démosthène, le doute n’est pas possible. Un grand chef, d’insuffisants soldats. La leçon est trop claire pour être méconnue.

Il ne suffit pas de prendre bravement sa part de la bataille, un jour de fièvre, si l’on n’est pas, de cœur et d’âme, en état de persévérer. C’est ce cœur et cette âme qui firent défaut à l’Hellène. C’est parce que son élan ne fut que d’intermittences qu’il se vit refuser, contre trop de forces adverses, l’heureuse sensation des continuités ! La