Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
DÉMOSTHÈNE

son élan, et ne connut la défaite que par les défaillances de ses soldats. Maître de sa destinée, jusqu’au dernier soupir, peut-être sa dernière joie fut-elle d’une délivrance de ceux pour lesquels il allait mourir. De jeter dans la balance le bien et le mal de sa vie aux rencontres des forces et des faiblesses de ses contemporains, il ne semble pas que l’idée lui en soit jamais venue. Il eut cette fortune de ne connaître de lui-même qu’une force de la nature, qui, pour toute justification, n’a besoin que de s’exercer. Il fut le combattant de la plus belle cause. Son idée le portait. Vaincu, appelant le poison à son aide quand son Dieu lui refusait un miracle, il planait encore au-dessus de sa défaite par la puissance de sa volonté. Démosthène aurait sauvé sa patrie si elle eût consenti d’être sauvée. On ne subit pas le salut. On le fait. Il faut le pouvoir forger de ses propres mains. Après l’élan d’une heure, c’est la continuité des vertus d’endurance qui achève le succès du jour par la confirmation du lendemain.

On peut se demander pourquoi la Macédoine, pays mal défini de races inconnues, n’a fait son apparition dans l’histoire que pour nous donner