Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
DÉMOSTHÈNE

égéenne[1], nous trouvons, par les relais des îles, des pénétrations continuelles d’un continent à l’autre, dont les productions de tout ordre ne cessent de s’échanger. Les entreprenants Sémites de Tyr et de Sidon sont dans l’affaire. D’Orient ou d’Occident, les métiers de trafiquant et de pirate furent longtemps confondus. Hommes, femmes, enfants étaient une heureuse marchandise. Aussitôt que peuvent s’établir les premiers linéaments d’une histoire, l’attraction réciproque d’un commencement d’Europe et d’une floraison d’Asie éclate à tous les yeux. Sans aborder de front le problème des origines helléniques, il est permis de rappeler l’influence capitale de l’Ionie sur les mouvements de la pensée grecque, et les luttes de l’hellénisme installé, aux rives de l’Asie Mineure, contre la domination du grand roi qui ne se pouvait subir qu’à la condition de figurer surtout dans le décor.

Longtemps auparavant, la civilisation égéenne était emparée de la mer, mais le plus intrépide navigateur ne peut que voyager d’un territoire à l’autre pour des échanges de produits où s’inclut la pensée. Plus tard, sans doute, fixées par les continents, Grèce et Perse prendront plaisir à s’affronter dans la guerre, mais non sans

  1. G. Glotz, la Civilisation égéenne.