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DÉMOSTHÈNE

de ses fureurs, semble redouter Athènes. Après la criminelle destruction de Thèbes, une « clémence » inattendue le saisit à la vue d’Athéna Promachos, et, puisqu’il faut tout dire, la mobile déesse ne sera peut-être pas insensible à cet hommage, gâté plus tard par ce fou de Poliorcète installant son harem dans l’opisthodome du Parthénon, pour annoncer son mariage avec la vierge déflorée pourvue d’une riche dot par le peuple athénien.

Philippe, intempérant, que la mort a sauvé des extravagances de son fils, paraît un Oriental hellénisé. Son rêve était de soumettre l’Hellade par la ruse aidée de la force, et de s’en faire une parure en même temps qu’un instrument de guerre contre l’Orient, à des fins dont il ne s’inquiétait pas. Tout cela pour livrer le monde à l’avidité de soldats embarrassés de leurs conquêtes, comme on les vit sous Alexandre, dans l’absence de tous des seins.

Jamais le secret espoir de gagner les bonnes grâces de la Grèce ne se révéla mieux chez Philippe que par la lettre où, au lendemain de la naissance d’Alexandre, il demandait à Aristote de devenir le précepteur de son fils.

Philippe à Aristote, salut ! — Sache qu’il m’est né un fils. Ce dont je remercie les dieux, c’est moins de me l’avoir donné que de l’avoir fait naître de ton vivant. Car j’espère qu’élevé et formé par toi, il se montrera