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DÉMOSTHÈNE

répandue jusqu’aux rivages méditerranéens, — comme en font foi les similitudes des grands poèmes indiens et des chants homériques, aussi bien que les piliers de l’Inde attestant les missions bouddhistes du grand empereur Açoka jusqu’en Syrie, en Égypte, en Épire, trois cents ans avant notre ère. Au sort de cette prodigieuse poussée d’idéalisme en action, tout l’avenir du continent européen était désormais attaché.

Max Muller a noté que, sans la bataille de Salamine, nous serions Zoroastriens. Au surplus n’est-il pas contesté qu’aux jours où succombait le paganisme gréco-romain, le dieu solaire Mithra, importé de Perse par les soldats des légions romaines, tint en balance, pour un temps, l’ardente propagande de saint Paul dans le monde hésitant des Gentils. Les stèles du nouveau Dieu venu d’Orient parlent encore dans nos musées. Le christianisme, où tant d’éléments bouddhistes se retrouvent, devait l’emporter de haute lutte tant par la noble persévérance de l’effort que par l’adaptation supérieure de l’hérésie juive aux formes d’émotivités nouvelles dont la puissance, au travers de tant de troubles, allait unifier, féconder le continent européen.

La Perse, rentrée dans les stériles dispersions de ses rêves, disait un effort mental épuisé. Elle était prête pour tous les conquérants. Hors