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DÉMOSTHÈNE

de l’histoire, nos ancêtres gaulois, jadis attirés jusqu’à Delphes par les richesses d’Apollon, s’ignoraient encore et ne paraissaient pas pouvoir compter dans l’œuvre de la civilisation. Vainement leurs hordes étaient allées battre les murs du Capitole. Rome, farouche, attendait son jour, destinée elle-même aux suprêmes décadences qui allaient offrir — dans la concurrence de toutes les religions accourues — la palme de la prééminence remportée, après de terribles luttes, par le Dieu du Golgotha. La grande course symbolique du flambeau qui, des bords du Gange à l’Olympe et au Nil, devait transmettre le feu sacré aux générations dignes de le porter. La fortune éminente de la Grèce, en ces jours fatidiques, fut non seulement de propager la lumière, mais de la vivifier d’une suprême sanction de beauté.

Pourquoi faut-il que toute grandeur ait sa contre-partie ? Un instinct merveilleux devait amener l’Hellade à s’assimiler les parties supérieures de son rôle plus aisément qu’à le traduire en actions de vie réalisée. Est-il donc plus aisé, pour un peuple, d’accomplir des miracles que de soutenir patiemment les efforts d’endurance qui doivent en assurer l’effet ? L’œuvre humaine, pour ses achèvements, veut des élans d’imagination, mais elle réclame, d’une même exigence, des coordinations de positivité.