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DÉMOSTHÈNE

ment d’amour. Suivie de quels massacres entre chrétiens pour des questions doctrinales d’hérésies, au nom du Dieu commun d’universelle charité !

C’est là que se découvre dans les développements de la civilisation hellénique le rôle capital de l’Athénien Démosthène, se jetant au plus fort de l’affreuse mêlée où il doit, à toute heure, tenir en mains sa ville incertaine pour vaincre simultanément les soldats de sa propre cause et ceux de l’ennemi. Les communes défaillances d’héroïsme, et même de simple volonté, ont été d’ordinaire rencontre, aussi bien par l’insuffisance des chefs que par les défaillances des foules plus enclines à suivre qui flatte leurs instincts héréditaires que les prêcheurs qui leur demandent de souffrir pour un idéal au-dessus de leur atteinte. Je ne vois pas qu’il y ait lieu d’en éprouver de surprise. Ce sont les mêmes lois qui font tomber la pierre et monter l’oiseau.

Les réactions personnelles de l’individu concentré dans ses profondeurs lui permettent des coordinations méthodiques d’efforts supérieurs à ceux de la foule délirante qui ne peut réunir un concours d’assentiments général que par des concessions réciproques de faiblesses où se brisent les ressorts de l’intelligence aussi bien que de la volonté. Si précieuse qu’elle soit pour un contrôle nécessaire, ce n’est pas une assemblée qui fera les