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DÉMOSTHÈNE

de l’Asie fatiguée et de l’Europe incertaine, la Grèce a pensé l’avenir humain, et se trouve même ainsi — au prix de quelles épreuves — l’avoir déterminé. Elle a donné le meilleur d’elle-même pour des victoires qu’elle ne devait pas connaître, mais dont l’honneur mystique lui revient aux yeux de la postérité. Victoires et défaites encore trop profondément mêlées, dont nos compositions de forces et de faiblesses pourront peut-être, un jour, fixer l’issue. C’est à l’heure où ce drame farouche se nouait de la Macédoine à Athènes que surgit l’homme de souveraine puissance en qui la parole et l’action allaient se confondre pour nous léguer les éventualités de revanche qui ne vaudront jamais que par l’obstination d’une suite de volontés continues.

J’indique l’ambiance avant de montrer les personnages. Mise en relief des mouvements du milieu pour interpréter ceux de l’individu dans des réactions de réciprocité. L’anarchie des tribus asiatisantes, en perpétuelle bataille, n’avait pas permis de reconnaître la beauté d’un rapprochement hellénique. Un Zeus panhellénique, c’est une aspiration. Sentir plus ou moins vaguement un idéal lointain et en déterminer des mouvements contradictoires par les oppositions des atavismes et des élans d’évolution, c’est le fond de l’histoire humaine. La prédication du Nazaréen fut unique-