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DÉMOSTHÈNE

Au prélude macédonien de la cruelle tragédie, la destinée plaça Démosthène pour subir les premiers chocs d’un conquérant qui, sous un mince vernis d’hellénisme, cachait mal une aveugle soif de conquêtes sanglantes à tout prix. Alexandre, tout aux attirances de l’Asie, a laissé dans l’ombre la figure caractéristique de son père, tenu pour un « barbare » par toute la Grèce, mais si pétri d’artifices qu’il évoque le souvenir d’Ulysse, le Grec par excellence, dont l’aïeul maternel, Autolycos, est célébré par Homère pour sa fertilité en rapines et en faux serments.

On n’attend pas de moi une biographie détaillée de l’orateur athénien, pas plus qu’un récit historique à la façon des manuels. Il me suffit, si j’y puis réussir, de caractériser les personnages pour dégager les traits généraux d’un prodigieux roman de guerre qui aboutit, pour l’Occident, à l’école d’Alexandrie, et pour l’Inde aux sculptures gréco-bouddhistes du Gandhâra par les colons bactriens d’Alexandre[1].

  1. Voir les musées de l’Inde, sans oublier la ville de Takshila, capitale de l’ami d’Alexandre, aujourd’hui rendue à la lumière.