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DÉMOSTHÈNE

ments de forces et de faiblesses continueront de s’affronter pour des épreuves comparatives d’énergie où la constance de l’effort doit finalement l’emporter. Un conquérant qui mène ses bataillons à des rencontres successives de forces incohérentes finit même par se briser, comme Alexandre dans l’Inde, et Napoléon en Russie, à des accumulations de résistances passives. A travers toutes fluctuations humaines, c’est l’idée qui doit vaincre en fin de compte, mais elle a besoin d’être servie par un concours de volontés, fonction des valeurs de l’homme complet.

Lorsque le développement sans cohésion de l’Hellénisme ionien eut conduit Athènes, parleuse, au heurt macédonien, le plus futile prétexte était bon pour engager les armes. J’ai noté que les causes avouables de la guerre du Péloponèse n’ont pu être retrouvées par l’histoire. Les causes profondes de la guerre macédonienne — qui, du Gange au Nil, allait bouleverser tous les anciens foyers de civilisation — échappent de même aux analyses trop serrées.

Les Phocidiens avaient labouré un champ consacré à Apollon. Cela ne paraît pas bien grave. Il ne fut besoin, pourtant, que de ce trait de charrue pour anéantir Crissa et déchaîner le malheur du monde civilisé, car Philippe, en mal de conquêtes, avait déjà pris la mesure de l’obstacle athénien.