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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/59

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DÉMOSTHÈNE

aujourd’hui, demain c’était à recommencer. Avait-il obtenu gain de cause, c’en était fait si le décret n’était mis immédiatement en œuvre, et, pour cela, quel autre que celui qui l’avait fait passer ? Alors, c’était l’exécution dans toutes ses complexités, dans tous ses détours, parmi toutes les résistances d’apathie ou de mauvais vouloir, souvent concertées, par l’effet de la corruption, avec les manœuvres d’un ennemi, dont l’art était d’allier toutes les ruses de la paix à toutes les surprises des armes. Des premiers jours de la lutte aux derniers, Démosthène est partout, voit tout, pourvoit à tout, conduit tout, sauf sur le champ de bataille où il ne peut suppléer à l’insuffisance des généraux, surtout quand le meilleur d’entre eux n’a cessé de prêcher la reddition à merci.

Avant même que Philippe n’eût commencé de donner sa mesure, Démosthène, qui déjà rêve de concentrer les forces helléniques contre l’envahisseur pressenti, empêche les Athéniens d’entreprendre, contre les Perses, une folle expédition qui livrerait Athènes au premier conquérant. Dans les contestations acharnées des Spartiates et des Thébains pour la possession de Mégalopolis, capitale de l’Arcadie, non seulement il refuse de prendre parti contre les Thébains, pensant qu’il aura besoin d’eux quelque jour, mais il maintient,