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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/61

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DÉMOSTHÈNE

institutions de la Grèce, une sorte de lien fédéral entre les premiers peuples hellénisants hasardeusement disposés à se grouper, à s’organiser en une ébauche d’agrégation que l’individualisme hellénique voulait peu rigoureuse, afin de pouvoir s’alléger de ses obligations, au moment du danger. Sous l’empire de tels sentiments, toutes sensations d’un devoir commun s’étaient trop tôt évanouies. Il restait le décor, l’Amphictyonie de Delphes, comme ces pointes de rochers qui jaillissent de la mer pour attester d’anciens écroulements. Elle ne gênait personne. On en parlait avec d’autant plus de respect, comme d’une vieille chose inutilisée. C’était un honneur d’être pylagore, député à l’Amphictyonie, admis comme tel à la fréquentation du Dieu. On y parlait beaucoup, puisque c’étaient des Grecs, et, puisque c’étaient des Grecs, on n’y agissait pas.

Pour Philippe, cherchant l’occasion de rebondir sur la Grèce, pas de meilleur tremplin. Le voilà donc « au service » de l’Amphictyonie, par horreur du sacrilège des Phocidiens. Dans une association « pacifique » de puissances, il faut bien que le dernier mot soit au soldat. Pieusement donc, Philippe ravage la Phocide en conscience et, par distraction, s’égare même jusqu’aux Thermopyles, où la simple présence d’une troupe athénienne, sous les ordres de Nausiclès, suffit à l’arrêter. Partie