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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/71

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DÉMOSTHÈNE

phictyonie. Il en est même le président et, de ce chef, se trouve arbitre de la prétendue fédération hellénique. Son premier soin est de rallumer la guerre mal éteinte en faisant rendre un décret d’extermination contre les Phocidiens, toujours pour le sacrilège du champ labouré d’Apollon. Les Athéniens menacent, et Philippe, tout doux, de préparer une nouvelle paix (qui valait les précédentes), à la seule condition que son admission dans l’Amphictyonie fût reconnue. Démosthène ne s’y oppose pas. Il est trop tard pour contester, contre les Amphictyons eux-mêmes, l’hellénisation maquillée du Macédonien.

Il va sans dire que cette paix n’apaise rien. Une vieille querelle d’Argos et de Messène avec Lacédémone, est portée de Philippe à Athènes, sans qu’on puisse même savoir s’il y a quelque part l’ombre d’un droit. Philippe, qui s’est fait une marine, s’empare d’Halonèse, petite île de la mer Égée, jadis colonisée par Athènes, et Phocion, personnellement favorable au roi de Macédoine, commande une armée athénienne qui empêche Philippe de pousser son agression contre Byzance, libère la Chersonèse de Thrace et rejette l’envahisseur loin des côtes de l’Hellespont. Ce sont là jeux de Grecs qui n’ont pas toujours le temps de discerner clairement les vainqueurs des vaincus, puisque la guerre recommence aussitôt terminée.