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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/70

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DÉMOSTHÈNE

de tous les Grecs sous Philippe pour les jeter sur les États du grand roi ? Puérile suggestion de rhéteur qui n’avait d’autre tort que d’oublier les données immédiates du problème pour laisser aux défaillances du jour le rêve d’un appel à d’hypothétiques lendemains. Pour éviter de combattre Philippe, on en venait à combattre pour lui. Là-dessus, Isocrate avait pris la peine d’écrire une laborieuse lettre au roi de Macédoine, en façon d’un devoir d’écolier, pour escamoter la question de l’hégémonie que l’Athénien avait d’abord réclamée et dont, plus tard, il s’abstint prudemment de parler. L’impétueux conquérant ne s’embarrassait point de ces misères, sachant ce qu’il voulait. Cependant Isocrate lui apportait une aide trop efficace en invectivant Démosthène, pour qu’un tel concours pût être négligé.

Les oppositions directes en pleine lumière n’ont pas toujours, dans les conflits de l’homme, la valeur décisive qu’il peut sembler. Démosthène y dut joindre, dans le bilan de sa défaite, les agressions obliques des trahisons de tous degrés. La réponse de Philippe fut de ravager la Phocide et d’anéantir ses cités. Quand il eut franchi les Thermopyles, ce fut la fin de la première guerre sacrée qui n’avait pas duré moins de dix ans.

Guerre terminée, ai-je dit. Voyez plutôt. L’universelle connivence a admis Philippe dans l’Am-