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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/79

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DÉMOSTHÈNE

cher de Philippe qui les tient sous sa menace. Il faut les amener aux Athéniens avec lesquels ils sont en compte. Le décret est voté. Une ambassade part pour Thèbes. Démosthène en est le chef. Devant le peuple thébain, porteur d’une grande histoire, l’Athénien va jeter l’enjeu de vie ou de mort de la Grèce, en présence des envoyés de Philippe qui disposent de tous les moyens de persuasion. Dramatique journée, où Démosthène l’emporta par des prodigalités de lui-même ! Les Thébains ne renieront pas l’Hellénisme. Quel que soit le sort des armes, les destinées de l’humanité pensante devront survivre à tous événements. Il n’y a de défaite irréparable que pour la cause abandonnée. Démosthène nous montre qu’à certaines heures un homme peut suffire pour faire d’une bataille perdue une bataille gagnée.

Hélas ! nous allons à Chéronée, où se consomme par Philippe et par Alexandre, un désastre d’idéalisme dont nul, sauf Démosthène, n’aurait pu en appeler. Chargé par Alexandre, le « bataillon sacré » des Thébains fut digne de l’ennemi. La victoire hésita. Mais le destin funeste avait prononcé. En ce jour, la Macédoine, qui, naguère, avait demandé la paix en voyant Thèbes s’unir à Athènes, réussit à rétablir une fortune d’aventure chanceusement risquée.