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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/78

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DÉMOSTHÈNE

que demande la journée. Superbement il se rend justice à lui-même, sans craindre un démenti : « S’il y avait eu dans chaque cité hellénique un seul homme fidèle à son peuple comme moi, si même la Thessalie ou l’Arcadie avait eu un seul citoyen d’accord avec mes sentiments, les Hellènes seraient restés libres, en deçà et au delà des Thermopyles. »

C’en est fait. La foule hésitante a reconnu la voix des temps héroïques dont le grand Athénien a évoqué l’image : Marathon, Salamine, Platée. Du mont Aegaleos, après avoir dévasté l’Acropole, Xerxes regardait la bataille. Il a fui. Jusque dans l’avenir lointain, de tels moments retentissent. Eschyle n’a dit le désastre des Perses qu’après avoir pris sa part de Salamine. Cette fois encore, la Grèce ne sera pas vaincue sans bataille, car Démosthène, dans sa forte main, va ressembler toutes les puissances de cette miraculeuse histoire, et si les guerriers sont dignes d’un tel chef, comme aux jours de Miltiade et de Thémistocle, le nouveau barbare sera, comme l’ancien, refoulé. Quoi qu’il arrive, on peut s’en fier à l’avenir. Dans une telle cause, il ne peut pas y avoir d’héroïsme perdu.

Militairement, Démosthène joue cette partie sur les vertus gerrières des Thébains pour qui Leuctres et Mantinée portent témoignage. Il faut les déta-