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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/84

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DÉMOSTHÈNE

d’une fortune impétueuse qui charriait les hommes à travers les écueils profonds des dégénérescences en cours. Au temps où l’on me dégoûtait du pour la Couronne en évitant de me le faire connaître, la vanité des critiques de style, hors de l’appréciation des pensées, ne pouvait qu’aggraver une indifférence dont le poids m’est longtemps demeuré. D’autres jours sont venus. Je serais heureux si je pouvais aider notre jeunesse à devancer le temps d’une compréhension positive qui sera toujours trop lente à s’offrir. Sans qu’on y prenne garde, l’histoire de toujours, moins diverse qu’il ne semble, déroule, en tous lieux, d’identiques enseignements dont nous détourne notre perpétuelle préoccupation de rapporter nos pauvres mesures à des agitations démesurées. Un jour pourra venir où quelque Aristote futur saura condenser en quelques pages, comme essaya de faire La Boétie dans les données de son temps, un compendium d’homme social dans les mouvements d’une vie historique d’apparence toujours nouvelle, quoique à peine changée dans le fond.

En des diversités d’imperfection, tout le monde, aujourd’hui, est en voie de devenir écrivain ou orateur. Je ne sais pas dans quelle mesure les conditions de la vie sociale s’en trouveront améliorées. Il ne paraît pas que le peuple athénien, tout parleur, ait toujours usé de la parole au mieux de ses