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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/83

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DÉMOSTHÈNE

Le fameux débat pour la Couronne que Ctésiphon proposait de décerner à Démosthène, n’a pas duré moins de huit ans. Dans l’ardeur d’un combat sans merci entre les deux orateurs, des plus puissants qui furent jamais, se résumait la crise décisive de l’histoire de ce temps, dont l’issue allait fixer les grandes lignes des évolutions à venir. L’éducation de ma jeunesse consistait à nous mettre en mains ce chef-d’œuvre pour y chercher des leçons de grammaire, avec défense absolue d’en lire une traduction par laquelle nous aurions pu avoir accès aux données générales du drame où se jouait l’avenir de notre civilisation. Je suis heureux que cela soit changé. Il a fallu que les chances de la vie me ramenassent à des textes dont on avait tout fait pour me détourner.

On m’excusera de ne point donner mon jugement sur l’art de Démosthène. Outre que je n’ai point qualité pour cela, c’est aux idées que je m’attache, et j’en trouve l’art heureux dès qu’elles sont clairement exprimées. Au fond, l’art de Démosthène se résume dans un mot : son tempérament. Sa parole, c’était sa vie jaillissant au gré