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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/91

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DÉMOSTHÈNE

Aussi, est-ce bien sur l’exercice de cette liberté nécessaire que se livrent nos plus grands combats contre les traditions de l’homme primitif, qui n’admettent pas que tant d’anciennes méconnaissances puissent jamais se trouver modifiées par les acquisitions de l’expérience ultérieure.

Mais ce n’est pas ici une simple question d’émotivité générale qui est en jeu, comme pour les juges de Socrate. Il s’agit de la solution pressante du problème d’empirisme le plus caractérisé, le plus urgent. Le peuple instigateur du plus haut effort de civilisation doit-il demeurer, à tout prix, libre de poursuivre sa route vers les cimes, ou veut-on qu’il tende les mains aux chaînes des régressions pour en finir avec les dangers et les gloires d’une exubérance de virilité ? Le doit-il ? Le peut-il ? Sur ce point les juges d’Eschine et de Démosthène sont d’une compétence irrécusable, puisque c’est sur eux-mêmes qu’ils vont prononcer. Qui donc, plus que les intéressés, aurait qualité pour dire quelle fortune, haute ou basse, ils se sentent capables de vivre pour en transmettre le dépôt aux chances du devenir ?

Le malheur est que les mouvements de la vie ont besoin de la reculée de l’histoire pour apparaître dans leur pleine clarté. Un plus grand malheur encore est qu’un concours vacillant de