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notre planète

perdue dans l’univers aux carrefours qui la conduisent à l’éminente merveille de l’homme pensant[1].

On ne distingue pas moins aujourd’hui de cent quatorze époques géologiques correspondant à autant d’étapes caractérisées par des fossiles particuliers. Nous en devons prendre acte en notant d’une façon expresse que toutes ces classifications d’ères et de terrains ne sont là que pour des méthodes de compréhension, sans qu’il s’ensuive des compartiments clos de phénomènes a phénomènes.

L’évolution de la terre a été continue. Elle se poursuit encore sous nos yeux. Nous n’y prenons pas garde, en raison de la lenteur des changements. La formation, le déplacement des mers, les solidifications de la croûte planétaire, ses contractions, ses déchirements, ses plissements, faisant apparaître, au passage, continents, précipices et montagnes, représentent une longue histoire qui se peut reconstituer en partie, grâce à la patience obstinée des savants. Mince couche de surface a peine refroidie, encore frémissante de nos jours, dans les ardeurs du feu central qui nous surprend encore de ses éruptions, et dont la température (1 500°) à quelques kilomètres de nous[2], tient encore toute matière en fusion.-

Du feu central à la surface, nous rencontrons aujourd’hui les quatre terrains arithmétiquement dénommés selon leur ordre de superposition. Au début des stratifications, les premiers sédiments montrent des traces de fossiles souvent difficiles à discerner, en raison de la plasticité de leurs formes et des modifications causées par la constante activité des eaux brûlantes ou le choc des masses éruptives.

Ce peut être ici le lieu de mentionner la théorie de la panspermie d’Arrhénius, aux termes de laquelle des germes de très petite dimension auraient été et seraient encore chassés, de monde

  1. Une fortuite rencontre, parmi tant d’autres, est que dans ces esquisses de notre géographie aux âges secondaires, quelques-uns ont voulu trouver la tradition de la fameuse Atlantide joignant l’Europe à l’Amérique du Nord. Comment le souvenir se serait-il conservé de ce continent qu’un inattendu coup de théâtre aurait envoyé au fond de l’Océan ? Il est impossible, qu’une Atlantide des premiers âges soit la même que celle dont le souvenir nous serait demeuré. Innombrables, sans doute, ont été les catastrophes de cette sorte. Notre déluge biblique semble l’une des dernières manifestations de l’enfantement planétaire.
  2. Pas plus de 70.