guent de toutes parts les séductions de leur premier sourire. Les lumineuses tangentes de la sphère enflammée projettent des rayons qui, de la voûte céleste aux abîmes de l’Océan, éclairés avant l’apparition solaire, s’échangent en reflets de reflets. L’impérieuse injonction des phares a pâli. Bientôt d’insensibles gradations de blancheurs, des coulées de lumières, vont s’allumer, se succéder, s’enchaîner, s’aviver, se fondre, se renouveler sans cesse jusqu’aux éclats pourprés de l’incendie céleste.
La couleur ! Enfin, voici la couleur qui brise le dernier écran de lumière cendrée, pour mettre des brasiers d’éblouissements aux agitations du décor. L’œillet pâle des dunes égrène aux douces pointes glauques du pourpier marin son invitation parfumée. L’immortelle, stupide, cherche l’emploi de ses mensongères bulles dorées. L’araignée a tissé le piège de ses dentelles aux tiges raidies du genêt. Le petit escargot blanc se hisse, tout coulant, aux brindilles pour achever le bouquet d’une floraison plus claire. L’alouette palpite dans le ciel en chantant, tandis que du flot d’acier fondu jaillissent des éclairs de volcan sur la mer enflammée. Et toute cette transformation de la nuit au jour, de la mort à la vie, sans qu’à aucun moment j’aie pu saisir la transition des phénomènes au tableau d’un spectacle qui toujours m’appelle et me fuit toujours.
Attendez. C’est la ruée des énergies. Le monde déroule ses images où la vie se prodigue. Pour un temps bref, puisque bientôt des gazes de pénombre commenceront d’adoucir la vivacité des lumières, et tandis que vous vous attacherez vainement à saisir des fusions de mirages, les rougeurs du couchant, insensiblement répandues, vous annonceront bientôt les premières obsessions du retour à la nuit. Éternelle précipitation des choses où se manifestent d’indéfectibles enchaînements de rapports. Un jour fut où la chute d’une pomme apportait à Newton le plus grave problème à fleur de solution, comme, pour le Florentin martyr, les oscillations de la lampe de Pise. Les spectacles de ma fenêtre posent tous les problèmes à la fois. L’homme peut-il les ignorer ou les traiter par prétérition en remettant la charge de l’univers à quelque génie d’éternité qui aurait fait, d’instinct, tout ce que nous voyons, faute d’avoir trouvé mieux ?
On a beaucoup écrit sur la beauté des œuvres de la terre. Je me suis demandé parfois si cette abondance d’écritures ne