s’écarte du réel pour le mieux aborder, sans comprendre que sa condition lui commande de se mouvoir dans le cercle élémentaire où sa loi le tient attaché.
Par l’élan d’imagination qui devance nos moyens de connaître, comme par les contrôles incessants de l’observation, nous nous acheminons peu à peu vers une approximation plus serrée des mouvements de rapports. De notre propre effort s’accomplit ainsi l’évolution vivante, de notre pensée. Nos approximations au jour le jour constituent le corps de notre connaissance. La loi de l’homme, inséparable des lois du monde, se trouve ainsi d’incohérer de moins en moins à la recherche de la cohérence absolue dont l’accès lui est interdit. Que sont nos hypothèses scientifiques les plus sévèrement établies, sinon des échelles de fortune pour atteindre chanceusement des degrés d’expérience provisoire à consolider ? C’est l’installation de notre « connaissance », et le débat demeure ouvert entre ce que nous pouvons dire et ce que nous pouvons contrôler.
Quel plus noble emploi de notre vie que cet ingrat et magnifique labeur ! L’insuffisance de nos moyens, n’est-ce pas notre titre d’honneur devant l’œuvre en accomplissement ? Sans s’être donné la peine d’apprendre, notre Divinité, nous dit-on, connaît tout. Pauvre mérite, en vérité. Parce que l’effort m’est réservé avec ses joies, ses déceptions, ses douleurs, n’ai-je pas le droit de juger plus noble et plus belle ma destinée d’homme au labeur de grandir ?
Pour la reconnaissance du « caractère divin » qui s’annonce comme définitive par les voies de la Révélation, elle ne peut progresser puiqu’elle ne veut pas reconnaître qu’elle puisse défaillir. Le Dieu de l’homme primitif n’en peut pas savoir plus long que son humain créateur : cela se voit à ses déclarations. De même pour tous les Dieux qui vont suivre. Moyennant quoi, « la science » de nos livres sacrés ne put obtenir que boules noires au certificat d’études positives. De plain-pied, nous voyons, en revanche, la connaissance humaine, toujours de relativité, errer, choir, et se relever par des suppléments d’expérience constante qui frayeront la voie aux interprétations à venir.
Le dogme se déclare infaillible. Regardez-le se contredire, comme l’humain lui-même, en tous âges, en tous pays. Il devait