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notre planète

temps de ses plaintes pour obtenir le changement des lois cosmiques a son profit particulier, — ce qui ferait le chaos si chacun devait être entendu — le « savant » réalise un monde de plus somptueux accomplissements que ne l’avait pu construire le rêve déchaîné. L’homme cesse de demander le miracle : il le fait.

Ce « miracle » de positivité est que le monde est d’ondes qui se croisent, se pénètrent ou se réfléchissent pour des compositions d’énergie. Des ondes, qui se réfléchissent en des points de rencontre, déterminent nos complexes de sensibilité, en un état de résonnance, dit de conscience, qui fait le « connaitre », c’est-à-dire l’unisson du dehors et du dedans.

Le monde est une composition d’énergies. Au même titre que l’énergie physique ou chimique, l’énergie biologique commande nos déterminations. Encore physique, chimie, biologie ne sont-elles que des classements de notre subjectivité pour tenir à portée de nos inductions tous phénomènes cosmiques inextricablement confondus.

Nous ne connaissons pas beaucoup plus des conditions dans lesquelles, au complexe d’organisation minérale, succéda le complexe d’organisation biologique, sous l’activité d’un soleil différent de celui d’aujourd’hui. Le problème fondamental demeure d’une course éternelle, de « phénomène » en « phénomène », au fil d’un enchaînement qui ne peut être rompu.

Nous dénommons « phénomène » le moment du Cosmos qui affecte le moment correspondant de notre sensibilité entre deux temps d’inconscience, c’est-à-dire d’une insuffisance de réaction. Le rapport d’un passage de nos ondes organiques aux vibrations sans arrêt de l’univers. En d’autres termes, le champ des ondes cosmiques ne se révèle à nous que par des répétitions de heurts sur notre table de réceptivité. Ainsi des jalonnements de sensations passagères nous imposent une interprétation de continuité, comme des alignements de réverbères nous donnent l’impression d’une ligne de feu ininterrompue. Par des intervalles de sensations dus aux cadences d’un potentiel de sensibilité, notre connaissance se fait d’une succession de chocs dont nous cherchons à déterminer les rapports — ce qui constitue, pour nous, l’ultime objectivité des éléments. Je ne puis m’empêcher de constater que nous rejoignons ainsi