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au soir de la pensée

la théorie de la distribution de l’énergie par quanta, limite ultime jusqu’à nouvel ordre, de ce que nous pouvons dire des activités rassemblées sous la dénomination « Matière-Énergie ».

L’idée d’un bloc de continuité infinie qui se propose à notre esprit pour exprimer l’aspect de l’univers, se heurte à la contradiction de l’espace nécessaire au jeu des mouvements. Il nous faut une discontinuité pour des déplacements de rapports. C’est ici que l’hypothétique éther, avec l’élasticité dont il nous plaît de le doter à nos fins de compréhension subjective, se voit chargé de résoudre, et résout peut-être la difficulté.

On ne manquera pas de me dire, que pour clef de voûte de ma construction cosmique, je me contente d’un mot — ce qui est précisément la faute que j’impute aux métaphysiciens. Quelle différence, cependant, d’un terme d’absolu, d’où l’on fait dogmatiquement dériver l’univers, sans qu’aucune vérification ait jamais pu s’ensuivre, et de l’hypothèse d’une activité de rapports soumise chaque jour au contrôle de l’expérimentation. Qu’une autre hypothèse nous soit proposée, et nous nous attacherons à la vérifier, à son tour, au lieu de brûler vifs ceux qui l’auront formulée.

Quoi qu’il arrive, nous observons, dès à présent, que les réactions de la sensibilité inorganique et de la sensibilité organique ne manifestent entre elles que des différences de degrés. Le mot d’irritabilité ne change rien du phénomène. Le fait déterminant est la commune succession de phénoménologie dont le minéral et l’organe sont le théâtre, dès la mise en action de leur mode de sensibilité.

La première réponse d’une sensation organique est d’un effet correspondant de rétraction, de contractilité. Actions et réactions de tissus plus ou moins différenciés, dans les dépendances du milieu. Les mouvements de correspondance osmotique, par les filtrations de la membrane cellulaire qui différencie l’organe et l’ambiance, amèneront le phénomène dit de nutrition, c’est-à-dire d’assimilation et de désassimilation impliquant croissance et décroissance jusqu’à la reproduction. En leur diversité de formes, les moyens de la reproduction se ramènent toujours au principe de l’accroissement par segmentation, c’est-à-dire de la transmission héréditaire d’une nutrition continuée.

Le développement des causalités, dit « évolution », procède en