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l’évolution

notre intelligence passe, nous ne pouvons pas toujours détourner les yeux.

Des déterminations d’individualités croissant depuis le cristal, ou la cellule, jusqu’à la cérébration la plus compréhensive, nous tenons des fils conducteurs. Le monde minéral, tout fermé d’apparences, ne se laisse pas plus aisément surprendre que le monde de la vie — d’aspect plus mystérieux. Cependant, lorsque, du piédestal de notre planète éteinte, nous nous éblouissons du soleil, de l’étoile ou de la nébuleuse, c’est qu’il s’y découvre des problèmes dont notre phénoménologie ne nous permet pas de nous détacher.

L’évolution organique parle assez clairement à qui ne détourne pas ses regards du spectacle des choses. Les algues, les varechs, les mousses, les fougères précèdent les phanérogames aux corolles diversement fleuries. Les terrains, chimiquement divers, laissent apparaître des couches de formations successives ou se conserveront les débris des séries animales qui s’y sont développées tour à tour. Les changements de formes, dont les connexions s’accusent nettement, constituent des échelles d’organisations qui s’entre-croisent de toutes parts en des complexités d’ascendances. Avec l’âge des sédiments se poursuit le cours des activités organiques correspondantes, dans le commun concours des puissances élémentaires qui préparent la suite des évolutions à venir.

La forêt carbonifère, en purgeant l’atmosphère d’un débordement d’acide carbonique, va déterminer la composition chimique d’un air respirable auquel des poumons de vertébrés supérieurs pourront s’accommoder. Les espèces se développeront dans tous les sens des adaptations possibles, ainsi que l’attestent des débris dont la rareté ne nous donne qu’une idée trop insuffisante d’une étendue de développement hors de nos proportions. Enfin, voici que les passages de la vie embryonnaire[1]

  1. À quel moment l’âme s’introduit-elle dans l’organisme destiné à devenir son réceptacle par un processus ignoré ? L’Église admet le baptême intra-utérin sans pouvoir préciser le moment où l’âme serait apparue. Quand les circonstances mettent le chirurgien dans le cas de sacrifier la mère ou l’enfant, des docteurs, logiciens, ont recommandé le sacrifice de la mère pour la chance d’accroître d’une unité le nombre des bons chrétiens. Il y a eu d’innombrables exemples d’une telle aventure…