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au soir de la pensée

achèveront l’éclatante démonstration d’une communauté d’origine par l’irrécusable témoignage des communes formes des premiers développements.

Tout cela crie d’évidence, mais ne s’impose clairement que dans l’ordre de la biologie, c’est-à-dire des phénomènes organiques tard venus, et appelés à disparaître dans la durée du cycle planétaire. Se peut-il donc concevoir qu’il y ait, dans le Cosmos, deux univers différents ou même contradictoires ? L’un en des coordinations de changements déterminés, dits « d’évolution », l’autre de mouvements inconciliables avec ceux-ci ou figés dans un incompréhensible et contradictoire état d’immobilité ?

La coordination des mouvements cosmiques étant mise hors de doute, il faut que des formes d’évolution se raccordent avec des formes d’évolution, dans l’ensemble des activités élémentaires. Comment ne s’ensuivrait-il pas la nécessité d’interroger le monde minéral sous les différents aspects où l’événement nous le présente, depuis le projectile solaire devenu planète éteinte, jusqu’à l’étoile soleil qui développe ses activités dans l’espace, parmi les astres innombrables, sous toutes les formes d’évolutions sidérales.

L’étude s’en impose par l’analyse spectrale qui a déjà fourni d’éclatants témoignages aussi bien d’une communauté d’états du substratum que de la sériation des énergies. Et puisque la température est la caractéristique essentielle de l’état physico-chimique de la masse astrale, sir Norman Lockyer paraît avoir fort bien vu lorsqu’il a fondé ses premières généralisations sur les modalités thermiques qui vont se succédant partout dans l’univers — fécondes en de précieuses indications. Dans cet ordre de phénomènes, la marche de notre connaissance positive semble désormais assurée. Tout au moins, la cohérence de nos conceptions générales s’en trouve-t-elle puissamment accrue.

Sans doute, la nébuleuse encore n’a que difficilement soulevé ses premiers voiles, mais elle a dû rendre des comptes, car nous entrevoyons, par ses points de repère, un schématique tracé d’activités évolutives. Est-ce donc peu de chose, alors qu’on n’avait trouvé jusqu’icî d’autre hypothèse à nous opposer que l’anthropomorphisme d’une Toute-Puissance impuissante à faire un monde ordonné ? Depuis longtemps, théologie et métaphy-