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au soir de la pensée

loin. On en a étudié de très près la structure dans les éléments histologiques des tissus. Des théories fondées sur des observations, complétées d’hypothèses qui auront à fournir des vérifications.

Tout lecteur désireux de s’en faire une idée peut se reporter au solide ouvrage de M. Yves Delage sur l’Hérédité et les grands problèmes de la biologie générale. La physiologie, la chimie de l’organe cellulaire y sont méthodiquement passées en revue selon les travaux des savants les plus autorisés, dont l’écueil est trop souvent de se cantonner chacun dans sa théorie.

Assimilation et désassimilation constituent la nutrition de l’organe élémentaire. Les mouvements du protoplasma et du noyau constituent le travail de la cellule dont la reproduction par division est la fonction capitale, renfermant l’inconnu de l’hérédité. La génération aboutit toujours à une évolution cellulaire ; sous quelque, forme que ce soit. Scissiparité, bourgeonnement, sporulations, reproduction asexuelle ou sexuelle, parthénogénèse, posent, dans des termes différents, le problème de l’hérédité, qui n’est qu’une œuvre de continuité par les chemins de l’embryogénie, avec ou sans la particularité de la métamorphose — bien connue chez le papillon.

Pour les espèces, et, à plus forte raison, pour les genres, M. Delage s’en tient à la théorie de la descendance, impliquant le transformisme. Non qu’il la tienne pour « expérimentalement » démontrée, mais parce qu’en dehors d’elle, il n’y a plus que l’hypothèse de la génération spontanée. « Le problème de la descendance, écrit-il, ne porte pas sur son existence[1], mais sur la manière dont elle a pu s’effectuer. » Acceptons la question ainsi posée.

À l’origine des espèces, nous trouvons simultanément l’hérédité et la variation. Deux questions de M. Delage :

1° « comment et sous quelle forme sont contenus dans les produits sexuels les caractères si minutieux et si variés dont l’observation journalière nous montre la transmission ?

  1. « Il suffit qu’un chien et un homme aient quatre membres, une tête et un tronc, des yeux, un cœur, un tube digestif, etc... que les êtres soient bâtis, en somme, au moins par grands groupes, sur le même large plan général, pour que le transformisme soit la seule théorie à laquelle un esprit purement scientifique ait le droit de s’arrêter. » Delage, l’Hérédité et les grands problèmes de la biologie générale.