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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/203

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au soir de la pensée

de leurs tâches personnelles pour fournir des contributions préliminaires au triomphe final des grandes renommées ! Courage, donc, bon pionnier qui ne connaîtras que les souffrances de l’effort. Ta plus haute récompense sera d’avoir peiné.

À l’heure où j’écris, nous n’en sommes qu’aux débuts. Mais ces débuts sont d’une importance décisive parce qu’ils nous font pénétrer jusqu’aux mouvements élémentaires dont les coordinations ont produit ces activités de psychisme qui nous ont si longtemps déconcertés.

Commencer l’étude du psychisme par l’analyse de l’abstraction intelligence en soi, dans les cadres de nos méconnaissances, ne peut pas donner plus de résultats que si nous abordions toute fonction organique en soi, avant de remonter aux premières activités physico-chimiques du phénomène. Admirons combien notre étude s’en trouve facilitée par la gradation infinie du simple au composé dans toutes les branches des activités de la biologie. Quand nous avons pu pénétrer jusqu’aux explosions élémentaires de l’atome, pourrions-nous donc nous écrier aux « tropismes », manifestations des rythmes de l’énergie universelle décelée par les mouvements de la gravitation ? Comment de ces tropismes pourront naître des réactions de sensibilité différentielle dont les conjugaisons retentiront en des organes plus ou moins différenciés, c’est ce que j’essayerai d’indiquer d’après les travaux à ce jour.

Ce qu’il faut, dès à présent, considérer comme acquis, c’est que nos classifications (nécessairement subjectives) des phénomènes biologiques, n’étant comme tous autres que catégories de notre activité cérébrale, ne peuvent tenir contre l’universelle cohérence du Cosmos qui ne se laisse rompre en aucun point. La psychologie de l’organisme est une des manifestations de sa physiologie, incluse elle-même dans l’ensemble de sa biologie selon le déterminisme de l’universelle cosmologie. Et quand l’observation fait tomber une à une les cloisons subjectives qui paraissent encore séparer le monde minéral du monde organique, les révolutions de l’atome et les révolutions astrales se découvrent soumises aux mêmes lois. Psychologie comparée, physiologie comparée, biologie comparée, conçues comme anneaux d’enchaînements cosmiques, ne peuvent marquer dans la relativité de notre connaissance, que des degrés d’assimilation.