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l’évolution

un irréductible automatisme d’origine physico-chimique, aux limites de l’activité dite organique. Par la sensibilité différentielle, l’organe élémentaire intervient pour réagir, selon ses moyens, aux compositions des activités du dehors, tandis que la mémoire retient ces sensations primitives pour les associer. « La conscience n’est qu’un mot servant à désigner des phénomènes, déterminés par la mémoire associative. » « Par mémoire associative, dit encore notre auteur, je désigne le mécanisme par lequel une excitation produit non seulement les effets qui résultent de la nature et de la structure spécifique de l’organe irritable, mais encore ceux d’autres excitations ayant antérieurement agi sur l’organisme. Lorsqu’un animal peut être éduqué ou instruit, il possède la mémoire associative. » Il ne s’agit, en somme, que du retentissement, plus ou moins prolongé dans l’organe, de l’impression naturellement associée aux impressions similaires. Ainsi vont se relier, aux manifestations générales du Cosmos, les manifestations différenciées de notre organisme psychique que nous ne saurions classer sans remonter à leur point de départ.

Tel serait le dynamisme constitutif des phénomènes de l’organisme sensibilisé, dont le psychisme n’est qu’une manifestation de synthèse. Il y a là, semble-t-il, une précision heureuse d’activités organiques précédemment entrevues. Pour cette raison même, les tropismes ont eu beaucoup de succès dans le monde scientifique. Nous y gagnons un nouveau témoignage des coordinations successives de toutes activités cosmiques subjectivement séparées par nos classements. C’est la confirmation du fait que la psychologie ne peut être qu’un département de la biologie sous la dépendance de la physico-chimie.

« Qu’il soit positif (attraction) ou négatif (répulsion), le phototropisme nous apparaît comme une réaction directrice purement physique, c’est-à-dire innée, automatique, indépendante de tout choix, par conséquent du phénomène psychique… Etant donné que le phototropisme a pour caractère une activité motrice asymétrique, lorsque le corps est asymétriquement frappé par les rayons lumineux, il semble naturel d’admettre que des réactions chimiques plus ou moins intenses ont servi d’agents a cette activité… Les radiations lumineuses comptent, en effet, parmi les agents chimiques les plus puissants…