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au soir de la pensée

Elles agissent avec plus d’énergie au sein de la matière vivante, et dans les végétaux notamment elles jouent un rôle nutritif de premier ordre, en décomposant l’acide carbonique par l’intermédiaire d’une substance photochimique verte, la chlorophylle. Ainsi le phototropisme aurait pour point de départ des modifications chimiques provoquées par la lumière »[1]. Loeb et Bohn ont expérimentalement démontré qu’on peut conférer d’emblée un phototropisme caractérisé à des mollusques, à des crustacés, à des algues. Loeb nous montre encore des changements de signes du phototropisme (positif ou négatif) sous l’action des phénomènes nutritifs ou reproducteurs.

« Au stimulant lumineux, les organismes répondent automatiquement par une orientation et des mouvements déterminés. Qu’ils soient ou non pourvus d’organes visuels, ils réagissent de même et leur réaction n’est pas le résultat d’un phénomène de vision, mais une réponse de la matière vivante, du phototropisme, qui les constitue, à l’énergie des rayons lumineux[2]. » J’ai dit que toutes les formes de l’énergie cosmique exercent une action physico-chimique sur l’organisme et son plasma : thermotropisme, hydrotropisme, chimiotropisme, géotropisme, stéréotropisme, rhéotropisme, anémotropisme, etc.[3]. Toutes ces réactions motrices du tropisme se poursuivent et s’achèvent en des activités générales de sensibilité diffuse ou différenciée, qui caractérisent l’organe jusqu’aux sensations nettement déterminées. La distinction du tropisme automatique à la sensation n’est pas toujours facile à établir. Comment s’en étonner puisqu’ils sont objectivement, l’un et l’autre, l’effet d’une même coordination évolutive dans les stages de notre subjectivité.

L’explication physico-chimique des tropismes nous les montre comme la réponse automatique de l’organe aux stimulations du dehors, jusqu’aux différenciations qui réduiront la part apparente de cet automatisme au profit des individuations de sensibilité. Les rythmes organiques, en correspondance des rythmes cosmiques, réagissent dûment sur les tropismes par

  1. Bouvier, la Vie psychique des insectes.
  2. Ibid.
  3. Voir l’ouvrage de M. Bouvier.