Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
au soir de la pensée

des autres sens qui ne sont que des différenciations organiques d’un commun état de sensibilité ? On voit quels enchaînements naturels de phénomènes se découvrent sous le terme simpliste d’héliotropie.

Avant de pénétrer plus loin dans la recherche des origines et des développements de la station redressée, il serait bon d’en considérer les effets sur l’organisme tout entier. À ne voir que les leviers de l’ossature vertébrale et pelvienne avec leurs correspondances d’articulations pour toutes associations de mouvements, l’anatomie comparée nous devrait un schéma des progressions du redressement du premier quadrumane à l’homme de la Chapelle-aux-Saints. Encore ne serait-ce là qu’une amorce du phénomène général. Car de tout ceci la conséquence est d’une coordination de changements dans les configurations et les dispositions osseuses, avec un jeu d’apophyses nouvelles aux points où la traction musculaire s’est le plus vivement exercée.

Le passage de l’attitude horizontale à la verticale retentit fatalement dans tout l’organisme, du trou occipital, rejeté à l’arrière, jusqu’à l’astragale et aux métatarsiens, en passant par l’articulation coxo-fémorale commandée par les nouvelles pentes du bassin. Muscles, tendons et gaines tendineuses, articulations, ligaments, aponévroses, et tous organes splanchniques plus ou moins déplacés, ont à subir (atrophie ou hypertrophie) des transpositions de rapports imposées par les conditions de l’activité nouvelle, avec son retentissement général sur l’organisme tout entier.

De ce point de vue, la question du redressement n’a pas encore été scientifiquement envisagée dans son ensemble[1]. On comprend que les organes de soutien des viscères, aux prises avec de nouvelles compositions de forces, accomplissent moins efficacement leur office de contention, comme je l’ai déjà noté[2]. On nous signalera, chez les quadrumanes, les différentes gradations de l’obliquité des os pelviens depuis le premier effort de redres-

  1. Il n’y a que de trop bonnes raisons pour cela. Ce n’est pas à de tels travaux que seraient réservées les « faveurs » qui ne sont trop souvent que des facilités de vie.
  2. C’est notamment le cas de l’utérus qui se trouve insuffisamment suspendu dans la station debout.