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les âges primitifs

à bout de l’intelligence humaine, montrons-nous dignes de préserver, de développer ce que notre propre histoire a sauvé des fureurs de la trop faillible infaillibilité.

La préhistoire du quaternaire.

Si le progrès humain est une chaîne de méprises successivement redressées, c’est au primitif jaillissement de l’erreur que nous devons les premières joies de la vérité. Il n’y a point là d’ironie. La difficulté est que nous sommes brefs, et que les mésinterprétations successives où nous croyons trouver la représentation de l’univers demandent des additions de vies pour que l’esprit humain puisse bien ou mal débrouiller ses impressions ataviques, et s’en déprendre, au profit de la connaissance positive, avec autant de zèle que ses anciens en mirent à s’y attacher.

La découverte des innombrables manifestation de l’homme quaternaire ayant dépassé toute espérance, il en est résulté une abondante littérature où la hardiesse des interprétations n’a pas toujours attendu l’étude, purement objective, des faits. On ne peut plus dénombrer les images gravées aux parois des grottes, avec des peintures à teinte plate, noires ou de polychromie, qui s’accompagnent de signes symboliques dont quelques-uns, comme la croix, survivent encore dans la vie cultuelle de nos jours. Beaucoup sont des œuvres d’art, et plusieurs même atteignent un degré de perfection qui ne pourrait être dépassé. Des bas-reliefs, de grossières statuettes se rencontrent. C’est un monde nouveau qui s’ouvre. Et déjà des esprits inquiets tentent de faire parler ces humains primitifs, — au delà peut-être de ce qu’ils ont pu dire — tandis que le parti pris de nos théologiens se fige dans la tentative d’accommoder à tout prix ce nouvel aspect de notre histoire aux légendes de Moïse qui n’en peut mais.

Rien de plus significatif à cet égard, que le livre de dogme et de science mêlés : « La religion de la préhistoire », dû à la plume