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l’atome

ce qui veut dire apparemment qu’elle arrive à un point où nous ne pouvons plus la différencier, tandis que l’atome, réduit à n’être qu’un « trou dans l’éther », va se dissiper, par le principe de Carnot, dans la dématérialisation de ce trou, la mort thermique par les voies de l’entropie. Tout cela ne montrerait-il pas que les nouvelles interprétations ne sont pas encore suffisamment accordées avec nos présentes connaissances de positivité. Ce serait miracle qu’il en pût être autrement.

Je ne vais point m’engager dans l’affaire au delà des maîtres de la physique moderne qui, sans faire mystère de leur embarras, choquent publiquement hypothèses contre hypothèses dans le ferme propos d’en faire jaillir des étincelles de connaissance éclairée. C’est ainsi que nous voyons déjà l’unité atomique se dissocier en d’autres formations, l’électron, le proton, le noyau, pour évoluer vers de nouveaux états d’activités cosmiques. Nous constatons même la grande densité du noyau d’où nous pouvons parfois extraire de l’hydrogène, etc. Pour « l’éther », il est de raisonnement, jusqu’à ce jour, comme fut l’atome, et à ce titre, au moins, devons-nous l’admettre provisoirement comme l’X par lequel nous arriverons peut-être un jour à relier de nouveaux jalons d’expérience contrôlée.

Sans doute, nos métaphysiciens nous raillent de fonder une doctrine d’observation sur un élément qui n’est pas directement observé. Le reproche ne serait pas sans valeur si notre connaissance expérimentale était autre que de parties d’observation inductivement liées. Nos insuffisances, ne les avons-nous pas reconnues ? Quand je prouve que j’ai bien observé sur un point, pourquoi s’étonner que je n’aie pas encore suffisamment observé sur un autre ? Et pourquoi prendre texte de ce que je ne sais pas tout, pour proclamer que je ne sais rien ? Trop facile artifice de celui qui dit tout savoir avant de rien connaître, et ne peut réussir à concilier sa propre expérience, inévitable, avec sa « science » d’imagination.

Le mécanisme stellaire rejoignant le mécanisme planétaire, et le mécanisme planétaire le mécanisme électronique, comme en fait foi l’expérience vérifiée, nous sommes conduits à l’idée de l’identité de la substance et de l’énergie dans tous les points de l’espace et du temps. Le Cosmos ne serait qu’un éternel phénomène électronique dont les radiations réfléchies sur nos surfaces nerveuses,