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AU SOIR DE LA PENSÉE


CHAPITRE X


L’ATOME


Aux portes de l’atome.


On ne peut opposer aux fictions primitives des anciennes cosmogonies les données positives de nos jours sans une halte au phénomène cosmologique par excellence, qui est du substratum mondial analytiquement dissocié par les anciens philosophes jusqu’à l’ultime rencontre de l’atome. Car, cet atome d’imagination, voici qu’il se présente à notre expérience. Nous l’avons saisi, considéré[1], mesuré, analysé, disséqué, pour faire jaillir de cette existence positive toutes les interprétations — vérifiables ou non — qu’elle peut comporter. Désormais, nos idées sur la structure du Cosmos ont des fondements d’expérience où physique et chimie avaient tenté déjà de s’essayer. Nous avons pris l’atome sur le fait, nous le tenons tout vif, comme l’écolier son loup par les oreilles, et même nous n’en sommes pas beaucoup moins embarrassés, car il est imaginativement plus difficile de descendre au-dessous de l’atome et de ses électrons que de s’élancer au delà de Sirius.

Y a-t-il un au-delà de l’atome ? Pourquoi non ? Pourquoi pas un au-delà de l’au-delà ? C’est le contraire qui serait déconcer-

  1. « Il semble que nous ayons vu les atomes depuis que nous les comptons », observe M. Henri Poincaré. Nous n’en sommes encore qu’au sillage.